As-tu songé îlienne, combien je suis splendide, combien je suis noble avec mes magnifiques et majestueux pics ! Paré d’une si belle architecture, je suis la fierté des yeux, qui savent contempler les mystères qui s’y cachent. Mes falaises qui tombent à pic dans l’océan, te révèlent, que je ne suis pas que le haut, mais que je suis aussi le bas. Et tu découvres que je suis directement lié à l’océan, et que ma beauté est aussi terrible, et impressionnante vue d’en bas. Dépourvu de lagon, tu peux ainsi m’admirer et t’émerveiller de ce que je suis en largeur et en longueur, en hauteur et en profondeur. Je suis une beauté sauvage à vous faire craquer le cœur ! Et, malgré le temps qui passe, je reste éternellement jeune, car, vois-tu, je ne connais point la notion du temps.
Garde, à l’esprit que je te porte, cela, avant même que tu sois né. Tu sais bien que tes ancêtres ont passé et que je suis encore là, égale à moi-même et fière de l’être ! Je n’ai rien fait pour mériter cette grâce !!! Pourtant, chère îlienne, ma tâche, est d’être tout simplement là, rien que pour toi. Que dis-tu si tu étais né en Afrique ? Ou en Espagne ? Ta conception de moi change c’est évident. Et cependant, laisse-moi te dire que l’Emprunt de Celui qui m’a façonné, est de la même essence pour ton Île, que pour un pays aussi grand que l’Afrique, ou l’Espagne. Nous sommes habillées d’une éternelle jeunesse ! Et j’ose, moi ton île, m’identifier à cet amour qui ne passera pas. Ne vois-tu pas là, chère îlienne, la Jeunesse et la Beauté immuable de Celui qui t’a créé ?

Bien souvent, il m’arrive de penser, que je ne suis pas le fruit du hasard. Si le hasard n’existe pas, alors j’ai une chance et une bonne raison d’être! Et cette raison d’être, est celui de vous procurer la vie ! Combien de fois vous ai-je observé dans mes vallées à travailler le coprah ! Planter des bananiers et d’autres arbres fruitiers ! Couper et nettoyer ma terre ! Cueillir par ci, par-là des fruits non défendu de mon jardin ! Chasser du bas vers le haut, des cochons sauvages et des chèvres ! Attraper des chevaux sauvages pour vous servir ! Et dans mes profondeurs, je vous vois aller à la pêche de jour comme de nuit ! Ou poser les pieds qui vous permet de danser, d’aller et venir, sinon sur moi, votre ile ! Ou enterrer vos morts, sinon dans mes entrailles ! Je reste émerveillée de ce que je peux vous offrir. Et je suis en admiration de tant de richesses qui émanent de ce « moi » généreux : ton île.
Je ne sais pas si c’est toi, îlienne, qui m’a choisi, ou moi, ton île qui t’a choisi, mais, je suis certaine d’une chose, nous nous sommes choisis. Tu as le visage d’un îlien et j’ai la face de ton île. Et j’ose dire que nous sommes liés oui, très liés. Y a tu songé à tout cela ! Y a tu vraiment songé ma chère îlienne ? Que tu sois là-bas, vers les inconnus ou les ailleurs, tu resteras toujours îlienne, marqué par la beauté de ma face. Et si jamais un jour tu revenais sur mes terres, sache que je suis la première à te dire de très loin, sois le bienvenu chez-toi !

Valentine 18/01/2015