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La légende de Verra 1

Août 14, 2021

C’était il y avait très longtemps ! Ce temps-là fut bien révolu ! A l’époque où je n’étais qu’un enfant, on était dépourvu de moyens modernes et technologiques… C’était il y avait très longtemps ! Comme on le constate actuellement, partout dans les petits villages marquisiens, l’électricité avait été introduite. Et qui dit électricité, dit : télévisions, paraboles, téléphones, frigidaires et tant d’autres gadgets électriques. L’effet positif ou négatif de la modernisation avait envoûté et conquis tous les cœurs des marquisiens. C’est vrai, disons que c’était bien!

Venant d’une vieille génération je stipulerai que, pourtant, on ne manquait de rien et, si j’ose dire, on était heureux avec rien de tout cela. Je me souviens que notre intelligence avait beaucoup d’imagination. On savait comment étoffer nos journées. Les soirées étaient abondantes en histoires, en légendes, que les grands de la famille nous contaient fièrement, à la lueur d’une lampe à pétrole. Selon les nuances de la légende ou de l’histoire, on les écoutait les yeux ébahis parfois terrifiés !!! Ces soirées permettaient de nous rassemblées avant de nous mettre au lit. C’était des moments inoubliables, magiques, fantastiques. Mais hélas, oui hélas! C’était il y a très longtemps !

Dans la nuit, on pouvait entendre des jeunes chanter dans la rue. Un vrai concert, un vrai plaisir à les écouter ! Le son de leur voix mêlé aux rythmes des instruments musicaux, vous laissaient sans voix, seulement en extase ! C’était comme si « la nuit » appréciait la beauté des mélodies qui se propageait en écho, ici et là. J’avais le sentiment que « la nuit » était enchantée de ce que ces jeunes gens faisaient. Ils émettaient dans « la nuit noire » de la douceur en musique que le vent se chargeait de nous apporter avant de nous endormir profondément. « La nuit », s’en allait alors comme par enchantement, pour laisser se pointer en douce le jour. Je me souviens, oh oui, je me souviens parfaitement de tout cela comme si, c’était hier !

Dès que le dernier coq annonçait le jour, que le soleil se levait, on pouvait entendre, des mélopées de prière s’élevant comme de l’encens, de chaque maison. Des prières traduites en langue marquisienne, hérité des missionnaires. Dans la mesure où nous étions un peuple simple et non pas simpliste, c’était là, notre manière de dire merci à Dieu pour tout, dans une grande et totale simplicité. Sommes-nous devenu plus chrétiens depuis que nous avons été évangélisé par les missionnaires? Je ne crois pas! N’étions-nous pas, plus chrétien dans le temps qu’aujourd’hui » ? Force est de constater qu’actuellement, nous sommes revenu à nos source à nos racines à nos cultures ancestrales. Le « qui sommes-nous ? Ou allons-nous ? » émergent à la surface, car, on a voulu étouffer et diaboliser nos valeurs et nos mythes d’autrefois.

En ces temps-là, on possédait peu d’argent. Cela ne voulait pas dire que nous étions pauvres !!! Au contraire on était un peuple riche ! Riche en partage, riche en solidarité, riche en émotions, riche en relation, riche en générosité. Ainsi on pouvait échanger un régime de banane pour six maiorés, des racines de maniocs pour deux kilos de poissons, Un kilo de popoi pour un grand plat de chèvres au lait de coco etc… La terre, quand on la cultivait, produisait des richesses incomparables et elle ne demandait que cela. Alors, que demandions-nous de plus ! C’était notre manière de vivre, notre manière de comprendre les choses, notre manière de respecter la Vie en communauté. Mais hélas, ce temps-là fut bien révolu !

Le Mariage

Lorsqu’un couple demandait le mariage, toute la communauté participait au bon déroulement de l’évènement. Il ne nous viendrait pas à l’idée de les laisser seul, pour gérer cette tâche. En général, le chef de la paroisse prenait les décisions pour donner à chacun l’action qu’il devait accomplir. On aurait alors un groupe qui sera attribué pour la pêche : poissons, crabes, langoustes. Un autre pour la chasse, un autre pour la cuisine, un autre pour aller récupérer du bois au fin fond de la vallée etc….

Pour les femmes, leurs taches étaient moins lourdes que les hommes. Elles coupaient du citron, du poisson, elles nettoyaient les marmites, les assiettes, les plats, elles préparaient les tables etc…Les jeunes excités par l’évènement allaient joyeusement cueillir des feuilles de « Bourau » utiles pour la préparation des mets marquisiens. D’autres allaient chercher du coco…Tout cela se faisait dans une ambiance chaleureuse comme si, tout le village se mariait ce jour-là. Comme ce temps-là est si lointain !

Quand on a expérimenté ces moments de bonheurs, personne ne peut vous l’enlever de votre mémoire, de votre cœur, de votre âme. On reste marqué pour la vie, par ces sentiments qui vous ont énormément fait du bien et vous ont fait grandir. Et quand on remémore ces instants passés, c’est toujours le sourire qui finit par se dessiner sur le visage et l’on devient alors ému d’éblouissement, d’émerveillement ! Il semblerait que les bons moments du passés que l’on a expérimenté, sont comme des bouées sur lesquelles on s’accroche lorsqu’on a des pénibles instants à endurer dans la vie.

Finalement, j’ai la conviction que le passé nous pousse à agir dans le présent afin de mieux comprendre le futur, afin de mieux préparer le futur. Maintenant que vous avez une idée des valeurs que j’ai, d’où je viens, que vous avez une notion de ma culture, permettez-moi de vous présenter qui je suis… à suivre