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La légende de Verra 3

Août 14, 2021

Soudain je sentis un vent glacial venant de l’est. La grotte dans laquelle ou nous étions émettait par la force du vent un son lugubre. Mon cœur en fut troublé ! Je fis un bref regard derrière moi et ce que je vis était incroyable ! Il pleuvait des cordes. Le temps soudainement s’est transformé en un orage violent. Le vent sifflait terriblement et la mer commençait à faire des vagues. En si peu de temps ! Et je n’avais rien vu venir. Je pris ma pagaie et rama de toutes mes facultés pour sortir de la grotte, mais en vain ! Le vent et le courant ne m’étaient point favorables. Nous étions mon fils et moi pris au piège par les puissances de la nature qui, ce matin encore, étaient conciliantes.

Lorsque je vis la vague venir s’abattre sur nous, je pris fermement la main de mon fils le suppliant de ne jamais me lâcher. Elle était énorme ! Et comme une guerrière engloutissant l’ennemi, elle se fracassa au-dessus de nous emportant dans son sillage nos deux corps à moitié assommés. Je la sentais solide et terriblement violente. Je cherchais par toutes mes capacités à remonter à la surface pour que mon petit reprenne son souffle, mais le courant nous entraina dans l’abyssale des océans. Mon fils, mon fils, pensais-je ! Etait-il encore en vie ?

Plus je faisais des efforts pour remonter et plus, le courant nous tirait et nous aspirait vers le bas à la manière d’une ventouse. Je compris que me battre contre la colère de la mer était chose inutile. Je ne pouvais pas vaincre cet élément déchainé de la nature ; il était bien trop puissant et moi, si petit ! Il me restait l’humilité de me plier devant cette force et de me rendre. Était-ce alors pour nous le moment de quitter ce monde pour rejoindre l’au-delà ? Des souvenirs de mon enfance, de ma jeunesse et de ma vie d’aujourd’hui surgirent de nulle part. Je me voyais heureux, dansant avec ma femme sous le regard émerveillé de notre fils POEAOTETAI. Prisonniers des eaux, mon cœur se mit à pleurer de bonheur, de tendresse et surtout de regret.

Mon fils était-il en vie me disais-je encore ? Je ne saurai le dire ! Mais je comprenais maintenant pourquoi ce matin j’avais ressenti cette douleur à la poitrine. Sans vitalité ni énergie, asphyxié, je lâchais prise. Néanmoins, une petite lumière traversa mon âme et consciemment je me suis surpris à émettre du fond de mes entrailles : « Mon Dieu, viens à notre secours ! » Sans comprendre ce qui m’étais arrivé ni comment cela s’était passé, je me suis retrouvé à la surface de l’eau étonné de voir à mes côtés, un merveilleux et beau dauphin long de trois mètre. La légende raconte qu’il existait autrefois un dauphin gardien de la mer. Cette même légende stipulait qu’on pouvait l’appeler pour qu’il vienne vous aider. C’était un dauphin millénaire, un ami intime et serviteur des hommes depuis la nuits des temps.

Au milieu de cette mer déchaînée, la présence du dauphin nous procurait la sensation d’être en sécurité. Comment pourrais-je oublier pareille moment ? Comment ne pas l’aimer ? Il était si doux au toucher, si majestueux et plein de compassion. C’était l’image qui se dégageait de ce bel cétacé.

Mon fils toujours accroché à ma main ne respirait plus. Aucune larme n’avait coulé de mes jeux, aucune tristesse ne s’était point manifesté sur mon visage, seulement cette sensation étrange d’être subitement revenu à la vie ! Je ne saurais vous détailler cette expérience exceptionnelle ! C’est une tournure qui a complètement changé ma vie.

Le dauphin pris soin de nous déposer sur un rocher à l’abri des vagues. Il m’expliqua par télépathie que l’âme de mon fils l’avait appelée des profondeurs et l’avait retirée de son sommeil ; qu’il lui avait imploré de nous venir en aide. Devant l’innocence et la pureté de l’âme de mon fils, le dauphin me télépathisait qu’il ne pouvait que se plier et faire son devoir de secours. C’était aussi grâce à ma ténacité d’avoir gardé mon fils avec moi, peut importait le résultat. Puis, il posa son museau sur le torse immobile de mon fils et, souffla. Mon fils toussa et la vie pénétra dans son corps et dans son être. Mon cœur fut bouleversé et se mit à pleurer à chaudes larmes. De mes lèvre était sorti cette belle prière toute simple: « Merci »

Merci de m’avoir lu.

La mer déchainée! Photo Pikist

Valentine 2/09/2015